Rédacteur principal : Yannick Marec
Né à Cherbourg en 1921 de parents instituteurs laïques, décédé à Rouen le 15 août 1985.
Élève du lycée de la ville de Cherbourg, Marcel Boivin a effectué ses études supérieures à Caen et à Paris. Reçu à l’agrégation d’histoire en 1945, il fait un court séjour au lycée de Metz. En 1947, il devient professeur au lycée Corneille de Rouen et à l’Ecole supérieure des lettres à partir de 1961. Il est ensuite assistant puis maître- assistant à la Faculté des lettres et sciences humaines de la nouvelle université de Rouen créée en 1966. Il devient professeur d’histoire contemporaine en 1979 et Professeur émérite en 1984.
Durant sa carrière il a préparé à divers concours (concours général, concours d’entrée aux grandes écoles, CAPES et agrégation). Il a aussi participé au jury d’admission à l’Ecole militaire interarmes de Saint-Cyr Coëtquidan. Marié à Odile Boivin avec laquelle il aura deux filles. Son épouse était professeure de Lettres à l’Ecole normale d’Institutrices de la Seine-Maritime. Marcel Boivin s’inscrivait ainsi dans la grande lignée des enseignants particulièrement attachés au service public de l’éducation. En témoigne notamment le rôle décisif qu’il a joué, en collaboration avec le directeur du CRDP de Rouen de l’époque, Claude Bouhier, dans la création des Cahiers d’histoire de l’enseignement qui ont paru durant une dizaine d’années à partir de 1973.
Enseignant particulièrement apprécié de ses étudiants, il a dirigé plusieurs thèses d’histoire sociale et politique et surtout encadré de très nombreux mémoires de maîtrise d’histoire dont beaucoup sont accessibles par le biais du site Flora du service de la documentation de l’Université de Rouen.
Spécialisé sur le long XIXe siècle régional, Marcel Boivin s’est surtout consacré à l’histoire sociale et politique, principalement à l’histoire du mouvement ouvrier et du socialisme dans la région rouennaise et l’ancienne Seine-Inférieure.
Sa thèse de doctorat d’Etat soutenue le 11 octobre 1975 à l’Université de Rouen portait sur « Le mouvement ouvrier dans la région de Rouen 1851-1876 ». Le sous-titre du texte principal de la thèse, publiée de manière posthume en 1989, précise : « La Première Internationale et la démocratie sociale », ce qui traduit davantage la portée de ce grand ouvrage soutenu sous la direction de Jean Vidalenc devant un jury présidé par Jean-Baptiste Duroselle, membre de l’Institut.
Il s’agit d’un travail de longue haleine animé par une confrontation permanente entre l’économique, le social et le politique qui fait émerger tout un pan de l’histoire sociale longtemps mal connu. On peut notamment mesurer, grâce à ce travail fondamental, le rôle décisif de militants ouvriers d’inspiration proudhonienne au sein de la Première Internationale. Certains responsables locaux comme l’ouvrier lithographe Emile Aubry, principal animateur de la Fédération ouvrière rouennaise, l’une des plus importantes de France, ont ainsi été amenés à participer activement aux différents congrès internationaux de l’AIT à la fin du Second Empire.
Collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français dirigé par Jean Maitron et auteur de différents ouvrages et contributions, en liaison avec ses principaux centres d’intérêt, il a aussi publié plusieurs études marquantes sur le socialisme et le mouvement syndical en Seine-Inférieure ou la naissance de la Ligue de l’enseignement ou encore la diffusion du Boulangisme. Son décès prématuré l’a sans doute empêché de donner toute sa mesure en matière de publications, d’autant plus que Marcel Boivin aimait les travaux mûrement réfléchis et appréciait peu les parutions d’opportunité rédigées rapidement. Néanmoins, nous pouvons disposer, grâce à la ténacité de son épouse, Odile Boivin, elle-même décédée en 2011, de l’intégralité de sa thèse d’Etat, un ouvrage marquant de l’historiographie sociale et politique du XIXe siècle.