Maurice Louis Levaillant est né le 17 avril 1884 à Crépy-en-Valois (Oise), et décédé le 26 mai 1961 à Montmorency (Oise, aujourd’hui Val-d’Oise).
Ferdinand Gustave Levaillant, père de Maurice, est pharmacien. Il décède alors que Maurice a 7 ans. Son grand-père maternel était forgeron et petit constructeur de machines agricoles. Des deux frères de Maurice Levaillant qui atteignent l’âge adulte, l’un deviendra directeur des bauxites du Midi et l’autre professeur de physique (Christophe Charle, voir bibliogaphie).
Maurice est « interne au collège religieux de Pont-Audemer, dirigé par un de ses cousins » ; il reçoit « deux prix au concours général de l’enseignement privé », et devient bachelier ès lettres en 1900 (Christophe Charle).
Il se marie en 1910 avec Julia Robin (1883-1954), dont il aura deux fils, Marcel (1911-1953) et Jean (1917-2004), professeur de littérature à l’université Paris VIII.
Maurice Levaillant est « de tradition catholique redevenue active à la fin de sa vie, après la mort de sa femme et de son fils ». Il est « républicain de tendance centriste, hostile à Vichy ; sans engagement partisan » (Christophe Charle).
Maurice Levaillant fait sa khâgne au collège Stanislas et obtient une licence de lettres en 1901. Il intègre l’École normale supérieure, en 1902, au rang de 2e, et obtient l’agrégation de lettres, en 1906, au rang de 2e encore.
Il devient docteur ès lettres en 1936, avec une thèse sur Chateaubriand, Madame Récamier et les « Mémoires d’outre-tombe ». Sa thèse complémentaire consiste en une édition critique de deux livres des Mémoires d’outre-tombe.
Il est chargé de conférence auxiliaire à la Faculté des lettres de Paris de 1928 à 1930. Dans la même institution, il est ensuite suppléant de Daniel Mornet (1932), Georges Ascoli (1933) et Jean Pommier (1936-1937). Professeur de 1re supérieure préparatoire au lycée Louis-le-Grand en 1936-1937, il est élu maître de conférences en littérature française moderne et contemporaine à la Faculté des lettres de Paris, poste qu’il occupe à partir du 1er avril 1937. Il devient professeur sans chaire le 1er novembre 1937. À partir de cette même année, il est délégué comme maître de conférences à l’École normale supérieure (à Ulm jusqu’en 1954, et à Sèvres jusqu’en 1941). En 1941, il devient professeur d’histoire de la littérature française moderne et contemporaine. Admis à la retraite en 1953, il devient professeur honoraire en 1954.
Il est le fondateur (1930), et le premier président jusqu’à sa mort, de la Société Chateaubriand.
Maurice Levaillant a enseigné dans le secondaire : chargé de suppléances au collège Rodin et au lycée Condorcet (1913-1918), professeur de seconde au lycée de Sens (1918-1919), professeur de première et de quatrième à l’École alsacienne (1919-1924), professeur au lycée Condorcet (1924-1936).
Il poursuit tout au long de sa vie une riche activité littéraire : il est secrétaire de La Revue des poètes de 1907 à 1914, et rédacteur littéraire au Figaro de 1910 à 1934 (il y tient les rubriques « Lectures françaises » et « Questions de littérature et d’histoire ».) De 1906 à 1913, il est le secrétaire de Francis Chevassu, courriériste et critique dramatique, collaborateur au Gaulois, à la Revue des deux mondes, au Figaro. La Muse française, lancée en 1922, l’indique comme l’un de ses fondateurs. Il publie de nombreux poèmes en revues et en recueils.
Il s’adonne également à l’écriture théâtrale : L’Aveu est joué à Comœdia en 1907, La Voix de Corneille dit à la Comédie-française en 1913.
Il obtient le Prix national de poésie en 1910, le Prix Maillé-Latour-Landry de l’Académie française en 1914, le Prix de la République (décerné par la Société des Gens de lettres) en 1921, le Prix Alfred Née de l’Académie française en 1922, le Prix Broquette-Gonin de l’Académie française en 1932 et le Grand Prix littéraire de l’Académie française en 1949.
Il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques en 1953, au fauteuil de Fortunat Strowski. Pendant la Grande Guerre, il est mobilisé dans les Services auxiliaires, délégué auprès du préfet des Ardennes, Secrétaire Général adjoint de la Commission supérieure des Réfugiés au Ministère de l’Intérieur (Maurice Levaillant in memoriam, voir bibliographie).
Maurice Levaillant est un spécialiste du XIXe siècle, avec un fort accent mis sur la première moitié du siècle.
Maurice Levaillant fait partiellement siennes les méthodes de l’histoire littéraire à vocation scientifique, d’inspiration lansonienne, alors dominantes dans l’université française. Il salue d’ailleurs la mémoire de Lanson dans son hommage à Fortunat Strowski, son prédécesseur à l’Académie des Sciences morales et politiques, prononcé en 1954. « Nous savons tous […], commente Victor-L. Tapié, de quelle manière irréprochable et probe Maurice Levaillant a pratiqué des méthodes austères avec toute la soumission qu’elles exigent à leur objet. Nous admirons sa minutieuse recherche des sources et des influences, sa quête de renseignements précis, sa vigilance à étudier les variantes du texte, son scrupule d’analyse pour expliquer les mécanismes d’un style. » (In memoriam, p. 37).
Mais Levaillant n’appartient pas à la première génération, souvent plus militante, des disciples de Lanson, et il s’écarte parfois d’un trop strict positivisme. Pierre Clarac, en 1965 (voir bibliographie), souligne combien son interprétation de la « Tristesse d’Olympio » se méfie de toute réduction du texte littéraire à l’anecdote (p. 15). Jean-Albert Bédé note ainsi, dans une recension de sa thèse (voir bibliographie), que « l’histoire littéraire, telle que M. Levaillant la conçoit et la caractérise quand il ne se laisse pas dominer par une excessive prudence ou une excessive modestie, n’est pas seulement érudition et exposition, mais intuition et résurrection, c’est-à-dire poésie » (p. 364). Une page plus loin, le même critique définit ainsi la méthode du récent docteur d’État : « Il concilie la méthode positive, – collation de faits et de documents, approche extérieure et descriptive, – et ce qu’il y a de meilleur dans la méthode bergsonienne, à savoir cette sympathie agissante et passive tout à la fois, sympathie de l’intelligence et du cœur aussi, qui pénètre l’objet étudié et s’efforce de le recréer par le dedans. » Pierre Clarac décèle la même double filiation, lansonienne et bergsonienne (p. 16-17). Plusieurs commentateurs, soucieux de ne pas faire de Levaillant un positiviste étroit, soulignent combien sa sensibilité de poète vient fréquemment relever son austérité d’érudit.
Levaillant est un grand spécialiste de Chateaubriand, auteur d’études et d’éditions critiques qui ont fait date. On lui doit aussi des travaux importants sur Juliette Récamier, Lamartine et Hugo. Plus secondairement, il a écrit sur Mérimée, Sainte-Beuve, Vigny, Benjamin Constant…
[R2M : Revue des Deux Mondes]
– Compte rendu de Jean Pommier, Dans les chemins de Baudelaire (1945), Revue d’histoire littéraire de la France, 49e année, n° 3, juillet-septembre 1949, p. 281-283.
(Les nombreux poèmes publiés en revue n’ont pas pu être exhaustivement repérés ; la liste ci-dessous est nécessairement incomplète.)