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Frank Paul BOWMAN (1927-2006)

(1927 Portland, Oregon-Averford, Philadelphie, 2006)

Rédactrice principale : Isabelle Safa

1. Éléments biographiques

Né le 12 juin 1927 à Portland dans l’Oregon, Frank Paul Bowman commence à apprendre le français à l’âge de douze ans sous la férule de Helen Desmond qui applique la “Direct Method”, l’encourageant à tenir un journal et à retenir par cœur des poèmes (dont Le Lac de Lamartine) plutôt qu'à commencer par l'étude de la grammaire française, qu’il n’entreprend méthodiquement qu’à l’âge de 24 ans. Il étudie le latin et l’espagnol au lycée mais choisit les French studies quand il s'inscrit en 1944 en Premier cycle au collège universitaire de Reed. Ses études s'interrompent lorsqu'il est appelé par l’armée américaine, mais la Seconde Guerre mondiale est terminée et il est affecté au service psychiatrique du Madigan General Hospital de Washington. Il est réformé au bout de 18 mois au cours desquels il a lu Proust, Duhamel et Jules Romains, et reprend ses cours à Reed où il rédige sa “senior thesis” sur La Jeune Belgique, une revue belge symboliste et naturaliste. Il suit également des cours d’été à Mills College, où il rencontre l’Académicien Michel Mohrt, professeur invité à l’université de Yale où il obtient à Bowman une bourse. À partir de 1949 il est à Yale où il suit les cours de Henri Peyre et Erich Auerbach. Il passe une annéeà l’École normale supérieure à Paris (1950-1951), où il fréquente Michel Foucault, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jacques Le Goff, suit les cours de Bachelard et Merleau-Ponty et se lie d’une amitié durable avec Jacques Seebacher, ainsi, lors d’un séjour ultérieur, qu'avec la spécialiste de Germaine de Staël Simone Balayé. Il soutient en 1955 une thèse consacrée à l’ironie dans le roman du XIXe siècle à travers les œuvres de Constant, Mérimée, Fromentin, Stendhal et Gobineau (Irony and the Hero Novel), dont il tire un premier ouvrage en 1962. Il établit lui-même un lien important entre sa foi anglicane et sa lecture du romantisme, et définit ses convictions comme « celles d’un membre de cette partie de la communion anglicane qui se veut toujours fidèle aux dogmes et doctrines de l’Église catholique et d’un “gauchiste” impénitent qui continue à lutter pour les causes perdues poussé par la certitude qu’un Royaume meilleur se réalisera » (Le Christ romantique, p. 10). Son engagement l’amène ainsi à critiquer dans un ouvrage académique l’action du président Reagan, estimant qu’elle avait appauvri les États-Unis.

2. Activités professionnelles

a. Carrière universitaire

Il obtient un premier poste à l’Université de Berkeley en Californie, où il devient rapidement Professeur assistant en littérature française et donne son premier cours sur le romantisme (Aspects of Romanticism). Il est ensuite Professeur associé à Reed (1962) mais il est recruté dès l’année suivante à l’Université de Pennsylvanie où il est d’abord Professeur associé puis obtient en 1965 une chaire de Professeur de littérature française qu’il occupe jusqu’à sa retraite, en 1991. En 1992-1993 il dirige le département de French Studies de l'Université de Pennsylvanie, à laquelle il a donné un rayonnement international: professeur invité notamment à la Sorbonne Nouvelle (1973-1975), à Paris VII (1990) et à Princeton (1993), il reçoit les Palmes académiques (Chevalier en 1979, Officier en 1991).

b. Autres

  • Prix de la Fondation Guggenheim en 1968 et en 1986,
  • Membre du comité éditorial de plusieurs revues littéraires dont French Forum, Nineteeth Century French Studies et Romantisme.
  • Membre de plusieurs associations savantes dont la Société des Études romantiques, la Société des Études staëliennes, la Société d’Histoire littéraire de la France, l'Association internationale des études françaises. Il est l’un des rares universitaires américains dont la réputation internationale excède presque la reconnaissance nationale.

3. Champ chronologique

XIXe siècle : 1789-1848 (avec une incursion dans le XVIe pour Montaigne)

4. Perspectives critiques et méthodologiques

Favorable à l’étude de la littérature dans son contexte historique. Intérêt porté aux auteurs dits « mineurs ».

5. Objets d'étude

Romantisme français. Le fait religieux dans ses manifestations politiques, sociales et littéraires. Christologie. Utopies : dans Le Christ romantique, il écrit que la promotion d’un avenir utopique est « peut-être la plus belle contribution du romantisme français à notre culture. » Auteurs : Mérimée, Montaigne, Eliphas Lévi, Abbé Grégoire, Charles Rémusot, Benjamin Constant, Germaine de Staël, Sismondi, Chateaubriand, Hugo, Vigny, Stendhal, Nerval, Fourrier, Saint-Simon, Quinet, Michelet, Lamennais, Lacordaire.

6. Bibliographie

Elle comprend 6 ouvrages, deux éditions d'ouvrages et 72 articles (voir Bibliographie complète dans Mary Donaldson-Evans, Lucienne Rapier-Mazur, Gerald Prince, Autobiography, Historiography, Rhetoric: a Festschrift in Honour of Frank Paul Bowman, Rodopi, 1994.

Ouvrages:

  • Prosper Mérimée, Heroism, Pessimism, Irony, University of California Press, 1962.
  • Montaigne, “Essais”. Studies in French litertature, London, Edward Arnold, 1965.
  • Le Christ romantique, Genève, Droz, 1973.
  • Le Discours sur l'éloquence sacrée à l'époque romantique : rhétorique, apologétique, herméneutique, 1777-1851, Genève, Droz, 1980.
  • Le Christ des barricades, 1789-1848, Paris, éditions du Cerf, 1987.
  • French Romanticism. Intertextual and interdisciplinary readings, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1990.
  • Gérard de Nerval. La conquête de soi par l’écriture, 2000.

Éditeur scientifique :

Eliphas Levi visionnaire romantique, Paris, Presses universitaires de France, 1969. L'Abbé Grégoire, évêque des Lumières, Paris, éditions France-Empire, 1988.

Articles

  • “Benjamin Constant: Humor and Self-Awareness”, Yale French Studies, 23, 1959, p. 100-104.
  • “Melacholy in Stendhal”, L’Esprit créateur, 2, 1960, p. 5-13.
  • “Narrator and Myth in Mérimée’s Vénus d’Ille”, French Review, 22, 1960, p. 475-482.
  • “Benjamin Constant, Germany and De la religion”, Romanische Forschungen, 74, 1962, p. 77-108.
  • “The Poetic Practices of Vigny’s Poèmes philosophiques”, Modern Language Review, 60, 1965, p. 359-368.
  • « La révélation selon Benjamin Constant », Europe n°467, 1968, 115-226.
  • “Napoléon et le Christ”, Europe n°480-481, 1969, p. 82-104.
  • “Mme de Staël et l'apologétique romantique”, Madame de Staël et l'Europe, Colloque de Coppet, Paris, Klincksiek, 1970, p. 157-170.
  • “Les harmonies de la religion chrétienne”, Romantisme n°5, 1973, p. 52-65
  • “La littérature révolutionnaire en 1848”, Histoire littéraire de la France, vol. 4, II, Paris, Éditions sociales, 1973, p.411-422.
  • « Michelet et les métamorphoses du Christ », Revue d’Histoire littéraire de la France n°74, 1974, p. 824-851.
  • “Religion, révolution, utopie: étude des éléments religieux dans les projets d'utopie avant et après 1789”, Le Préromantisme: hypothèque ou hypothèse?, Actes et colloques, Paris, Klincksiek, 1974, p. 425-442.
  • “Religion, Politics and Utopia in French Romanticism”, Australian Journal of French Studies n°11, 1974, p. 307-324.
  • “La nouvelle en 1832: la société, la misère, la mort et les mots”, Cahiers de l'Association internationale des études françaises n°27, 1975, p. 198-209.
  • “Sismondi et la religion”, Actes du colloque international Sismondi européen, Genève, Slatkine, 1976, p. 131-152.
  • “George Sand, le Christ et le Royaume”, Cahiers de l'Association internationale des études françaises n°28, 1976, p. 243-262.
  • “Fouriérismes et christianisme: du Post-curseur à l'Omniarque amphimondain”, Romantisme n°11, 1976, p. 28-42.
  • “Le 'Sacré Coeur' de Marat”, Les Fêtes de la Révolution, colloque de Clermont-Ferrand, Paris, Société des études robespierristes, 1977, p. 305-323.
  • “Les idées esthétiques de Bonstetten et le Groupe de Coppet”, Le Groupe de Coppet, deuxième colloque de Coppet, Genève, Slatkine, 1977, p. 305-323.
  • “Du romantisme au positivisme: Alfred Maury”, Romantisme n°21-22, 1978, p. 35-44.
  • “Edgar Quinet et les réfutations de Strauss”, Edgar Quinet, ce Juif errant. Actes du colloque de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1978, p. 169-190.
  • “The Religious Metaphors of a Married Homosexual: Marcel Jouhandeau's Chronique d'une passion”, G. Stambolian, E. Marks (ed.), Homosexualities and French literature, Ithaca, Cornell University Press, 1979, p. 295-311.
  • Une lecture politique de la folie religieuse ou 'théomanie'”, Romantisme n°24, 1979, p. 75-88.
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