André Rauch, naît le 13 mars 1942 dans le IVe arrondissement de Paris, ville où il passe son enfance et son adolescence.
Son père, fils de paysans, est né allemand, en 1898, à Gougenheim, petit village d’Alsace. Dix-huit ans plus tard, en 1916, il est envoyé au Front, en qualité de mitrailleur. Il en revient, défait et … français. C’est en français qu’il reprend ses études. Reçu à l’agrégation de mathématiques, il part enseigner en Normandie, où il se marie et devient père d’un garçon et d’une fille. Après le décès, prématuré, de sa première femme, il épouse, à Paris où il a été muté, la fille d’un chapelier qui lui donne deux fils, dont André Rauch, le benjamin. Mère au foyer, celle-ci élève les deux aînés comme ses propres enfants.
André Rauch a vécu une enfance heureuse. Ses rares souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale se limitent à quelques alertes, suivies de descentes dans l’abri de la cave où il se rappelle s’être endormi dans les bras de sa sœur. Plus tard, il passe ses vacances d’été chez sa grand-mère paternelle, à Gougenheim, où il se passionne autant pour la nature et les animaux que pour le dialecte alsacien.
André Rauch effectue toute sa scolarité dans le XIe arrondissement de Paris, d’abord à l’école communale de la rue Saint-Maur puis au lycée Voltaire. Après l’obtention de son baccalauréat en philosophie, il tente et réussit le concours d’entrée au CREPS. Attaché à l’Alsace, il intègre, en 1959, le Centre régional d’éducation physique de Strasbourg en qualité d’élève-professeur d’E.P.S. Certifié en 1964, il enseigne successivement l’EPS au lycée d’État mixte de Strasbourg-Neudorf (1964-1967), à l’Institut national des sports de Tunis (1967-1969), au C.R.E.P.S. de Dinard (1969-1973) puis au C.R.E.P.S. et à l’UEREPS de Strasbourg (1973-1982).
André Rauch est né dans une famille de confession catholique, lui-même est agnostique. Il épouse, en 1976, Élisabeth Brumpter. Leur mariage est célébré à la mairie puis au temple protestant de Handschuheim, un village du Bas-Rhin. De leur union naissent deux filles, elles-mêmes baptisées au temple de Saint-Pierre-le-Jeune, à Strasbourg.
D’abord sympathisant, comme beaucoup d’étudiants dans les années 1960, des mouvements trotskystes et de la Ligue Communiste Révolutionnaire, André Rauch se rapproche, ensuite, du Parti socialiste auquel il adhère au début du premier septennat de François Mitterrand. Il s’en écarte au cours du second, dans lequel il ne se reconnaît pas suffisamment. Syndiqué au SNEP lorsqu’il enseigne l’EPS à Strasbourg, il est membre de l’association des enseignants français en Tunisie durant ses années passées à Tunis dans le cadre de la coopération.
Au terme d’une année d’études au CREPS, André Rauch s’inscrit en double licence de psychologie et de philosophie à l’Université de Strasbourg. Il prolonge ce cursus par une thèse de philosophie, effectuée sous la direction de Georges Gursdorf et soutenue en 1967. Georges Vigarello, qu’il a rencontré à l’occasion d’un examen préparatoire au CAPEPS, à Reims, et avec lequel il a beaucoup et longtemps échangé, lui souffle l’idée de faire une histoire de l’éducation physique. Il s’engage alors, à l’Université Paris-Descartes, sous la direction de Georges Snyders, dans une thèse d’État de Sciences de l’éducation, qu’il soutient en 1981. Cette recherche sur l’histoire du corps, des pratiques corporelles et du souci de soi, conduite du siècle des Lumières au XXe siècle, l’oriente logiquement vers l’histoire, à laquelle il s’est familiarisé en suivant des cours universitaires en auditeur libre.
Parallèlement à ce travail de doctorat et à ses enseignements réguliers, à partir de 1977, André Rauch débute une carrière universitaire en tant que chargé de cours au Centre de Télé-enseignement Universitaire de l’Est de la France et au Département des Sciences de l’Éducation de l’Université de Strasbourg. En 1983, il est élu professeur au département de STAPS de l’Université Montpellier 1 et, quatre ans plus tard, il obtient sa mutation à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, où il restera jusqu’en 2007, année durant laquelle il fait valoir son droit à la retraite.
André Rauch a, par ailleurs, été professeur invité de l’Université d’Antilles-Guyane (1997-1998) et de l’Université Johannes Gutenberg de Mayence (1994-95) — qui lui remettra le titre de Docteur Honoris Causa-Bereich Sportwissenschaft.
De 1986 à 1995, André Rauch est successivement vice-président de la 74e section du Conseil Supérieur des Universités (CSU) puis président, dans la même section, du Conseil National des Universités (CNU).
À l’université Marc Bloch, il crée puis dirige le Centre de recherches européennes en éducation corporelle (1986-1995) ainsi que l’équipe d’accueil en sciences du sport (1988-1996). Il est également membre du conseil scientifique de l’établissement entre 2004 et 2006. En 2007, il rejoint les chercheurs de la composante ISOR (Images, Sociétés et Représentations) du Centre d’histoire du XIXe siècle Paris 1-Paris-Sorbonne. Là, il contribue à la conception de plusieurs séminaires et à la coordination de publications collectives.
De 2000 à 2006, André Rauch a aussi assuré la direction d'une collection aux éditions Armand Colin.
Venu de la philosophie et de la psychologie, André Rauch se qualifie d’historien amateur. Contrairement à ceux qu’il nomme les « historiens de métier », il ne se centre pas sur une période particulière et sur un sujet de recherche spécifique mais travaille indifféremment sur le temps court du fait-divers (L’Amour à l’ombre du crime) et sur la très longue durée qui lui permet de restituer des généalogies, de mettre au jour des changements de seuil de tolérance et de définition de la paternité, de la luxure ou de la paresse. S’il s’est intéressé au XIXe siècle, c’est essentiellement grâce à Alain Corbin et Michèle Perrot qui ont ouvert leurs séminaires et leurs publications collectives à des chercheurs qui n’étaient pas initialement des historiens mais pouvaient apporter un complément fécond à la discipline.
L’aptitude d’André Rauch pour les langues vivantes (allemand, anglais, italien) lui permet de ne pas se limiter à l’histoire de la France mais d’observer des aires culturelles larges, pour retracer l’histoire de la boxe ou de la marche. Ses études en histoire de l’art, philosophie, sociologie et psychologie sociale lui fournissent également des méthodes fructueuses, mises au service de l’histoire.
Issu des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, André Rauch a pour objets de recherche privilégiés le corps en tous ses états : au travail, au repos (Vacances en France de 1830 à nos jours ; Paresse : histoire d’un péché capital,), brutalisé (Boxe : violence du XXe siècle ; L’Amour à la lumière du crime, ), sublimé (Le Souci du corps : histoire de l’hygiène en éducation physique), sexué (Luxure : Une histoire entre péché et jouissance, Histoire du premier sexe) … Portant principalement sur les discours et les images ainsi que sur leur appréhension par des publics successifs, les travaux d’André Rauch se situent résolument dans le champ de l’histoire des représentations et de l’histoire culturelle.
* - « Préface » à Julien Fuchs, //Scoutismes et mouvements de jeunesse en Alsace, 1918-1970//, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2007, 426 p.
* - « Cent ans de vacances, un siècle d’images, des milliers de rêve », // Un siècle d’affiches de vacances// (Claudine Chevrel, Béatrice Cornet dir.), Paris, Publication Des Musées de Paris- Bibliothèque Fornay, 2006, p. 3-17.
* « Préface » à Claudine Chevrel, //Les Vacances, un siècle d’images, des milliers de rêves : 1860-1960//, Paris, Paris bibliothèques, 2006
* - Préface (avec Léon Strauss) à Claude Keiflin, //L’Été 36 en Alsace. Des grandes grèves aux premiers congés//, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1996, 119 p.