Rédacteur principal : Xavier BONIFACE
professeur stagiaire au lycée Hoche à Versailles (1952-1953) et au lycée Buffon à Paris (1953-1954). Professeur agrégé au lycée de Tourcoing (1955-1956) puis au lycée Faidherbe, à Lille (1956-1961)
La thèse porte sur la deuxième moitié du XIXe siècle et le début du XXe, mais YM Hilaire s’est ensuite intéressé à toute la période contemporaine (articles et contributions sur un champ large allant du Consulat à la fin du XXe siècle)
La thèse sur la vie religieuse des populations du Pas-de-Calais ne se limite pas seulement à l’étude de l’épiscopat, du clergé ou des institutions du diocèse d’Arras, mais s’attache aux habitants, à leurs croyances et à leurs pratiques. Elle aborde les formes de la religion populaire, étudie les comportements religieux de différentes catégories sociales, comme les ouvriers, dont Yves-Marie Hilaire nuance la déchristianisation, ou les marins, dont il montre la christianisation au cours du XIXe siècle. Il traite aussi de la rechristianisation de l’espace par le biais de pèlerinages locaux ou l’érection de calvaires en Artois et sur la côte d’Opale. Il montre les fluctuations de la pratique des habitants selon les périodes et souligne la vigueur de l’ultramontanisme et du catholicisme social dans le Pas-de-Calais. Yves-Marie Hilaire fait toujours le lien entre son objet d’étude – les pratiques religieuses – avec les aspects politiques, sociaux, économiques et culturels, ainsi qu’avec le cadre géographique. Il s’est appuyé sur les riches archives diocésaines, notamment les registres historiques de paroisses et les comptes rendus de visites pastorales. C’est l’une des grandes études de sociologie historique de pratique religieuse, à la suite des travaux de C. Marcilhacy sur le Loiret, de L. Perouas sur le Limousin ou de G. Cholvy sur l’Hérault.
Puis, avec Gérard Cholvy (Montpellier), Y.-M. Hilaire a rédigé une Histoire religieuse de la France contemporaine (Toulouse, 1986-1988) qui démonte l’idée de déchristianisation linéaire en France depuis la Révolution. Au contraire, les auteurs mettent en avant des phases de flux de la pratique (de la Restauration aux années 1860/1880, puis de la Grande Guerre à la fin des années 1940) et de reflux (des années 1880 à 1914, et depuis les années 1950). Ce travail prend aussi en compte la diversité des situations régionales au regard de la pratique religieuse.
La spécialité d’Yves-Marie Hilaire est l’histoire religieuse, dans ses dimensions régionale, nationale et internationale – outre un intérêt pour l’histoire politique, sociale et culturelle, qu’il conçoit d’ailleurs comme un tout.
Sa première œuvre est sa thèse d’État, Une chrétienté au xixe siècle ? La vie religieuse des populations du diocèse d’Arras 1840-1914 (1976). L’approche régionale ouvre d’ailleurs à des perspectives plus larges. Mais Yves-Marie Hilaire dirige aussi de nombreux ouvrages collectifs sur le Nord et le Pas-de-Calais et sur l’histoire de nombreuses villes septentrionales. Il reviendra sur le Pas-de-Calais dans son dernier ouvrage, une co-direction parue un an avant son décès, Arras. Artois – Côte d’Opale, (Beauchesne, 2013), onzième tome de la série du Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine.
La seconde dimension de l’œuvre d’Yves-Marie Hilaire est l’histoire religieuse nationale, dont l’ouvrage qu’il dirige avec Gérard Cholvy, Histoire religieuse de la France contemporaine, est une synthèse qui a fait date.
Le troisième volet de son œuvre s’ouvre à l’histoire générale du christianisme, une dimension qui apparaît finalement assez tard dans son parcours, à partir de la seconde moitié des années 1990 surtout. Il succède à Charles Pietri après son décès à la direction de L’Histoire de la papauté (1996), un ouvrage de synthèse qui l’amène à dépasser le cas français. Il assure aussi la coordination, avec l’abbé Jean-Robert Armogathe, d’une Histoire générale du christianisme (PUF, 2010, 2 vol.), un vaste chantier de plusieurs années.